La machine à papier

Jusqu'au début du XIXe siècle, tout le papier était fabriqué à la main, ce qui limitaient forcément les dimensions des feuilles. Les méthodes d'impression, qui s'étaient développées en même temps que la fabrication du papier, avaient dû se plier aux différents formats et qualités de papier fournis aux imprimeurs par les papetiers. Au début du XIXe siècle, les techniques de fabrication du papier connaissent un changement important grâce à la machine à papier et les techniques d'impression se modernisent en conséquence (rotatives, etc.). Au début du XIXe siècle, devant le besoin grandissant en papier, il devenait urgent de trouver un moyen d'en produire davantage, de façon plus rapide et surtout moins chère; un autre facteur entrait en jeu : le désir de faire appel à une machine plutôt qu'à des ouvriers. La seconde vague d'industrialisation, à partir de 1860, se traduit par une mutation complète de la production de la pâte à papier. La matière première et la méthode de préparation changent : le chiffon est remplacé par le bois, traite à échelle industrielle par des procédés mécaniques ou chimiques. Avec l'essor de l'imprimerie, le besoin de produire davantage de papier - et moins cher - devient impérieux. C'est ainsi que va naître la célèbre machine à papier en continu de Louis Nicolas Robert… Dit Robert le Jeune (Paris 1761- Dreux 1828), malgré sa faible constitution, il s'engage dans l'armée à 19 ans et participe à la Guerre d'Indépendance américaine. A son retour, il entre à l'imprimerie Pierre François Didot à Paris, puis à la papeterie du beau-frère de celui-ci, Didot Saint Léger, à Essonne. La plus grande partie du papier utilisé par le ministère des Finances est fabriqué dans cet établissement et, en 1798, la Convention a de telles difficultés pécuniaires qu'elle pousse à la production intensive des assignats ; elle charge donc Louis Nicolas Robert de trouver une solution et l'envoie comme inspecteur à la papeterie d'Essonne. Robert est soutenu dans ses recherches par Didot Saint Léger qui met à sa disposition son local, son personnel et ses capitaux. Il l'encourage à inventer une machine qui utiliserait peu d'ouvriers. Le projet avance et le 9 septembre 1798 Robert présente au ministre M. de Neufchâteau deux feuilles de papier faites sur sa machine. Le brevet" pour une machine à faire le papier d'une très grande étendue " est déposé le 18 janvier 1799 : c'est le premier brevet de ce genre et une subvention de 3000 francs lui est accordée. Cette machine est peu performante à ses débuts et Robert est près d'abandonner ses recherches. C'est alors que Didot lui achète son brevet d'invention contre une obligation de 24000 livres. Il s'associe à son beau-frère anglais Gamble pour exploiter le brevet. En 1801 et 1803. Didot, aidé de l'ingénieur Bryan Donkin et des frères Fourdrinier, construit la première machine de type anglais à Dartford ; cette machine, connue sous le nom de Fourdrinier, fonctionne à Frogmore (Kent) en 1803. En 1810 Robert, n'ayant encore rien touché de Didot pour son brevet d'invention, engage un procès contre celui-ci, qui doit lui rétrocéder la propriété dudit brevet. La même année, Didot essaie d'obtenir un brevet d'importation pour réintroduire la machine Fourdrinier en France : il communique à Antoine-François Berte ses plans améliorés, avec tous les détails techniques...et ce dernier dépose un brevet à son propre nom en 1811 ! Berte tire grand profit de" son " invention en installant des machines en France et il obtient même une médaille d'or de la Société d'Encouragement pour l'Industrie ! Louis Nicolas Robert assiste, impuissant, à la réussite des autres, due à sa propre invention : seuls les capitaux lui avaient manqué pour mener à bien ses recherches. Il meurt en 1828, peu aisé comme tout inventeur français. [/hide] Description de la machine à papier en continu Le principe de la machine, qui suit les procédés de la fabrication du papier à la main, est relativement simple : on verse la pâte à papier déjà affinée dans une grande cuve où elle est déversée par une roue à écopes sur une toile métallique sans fin en rotation, animée d'un branlement continu qui permet l'égouttage de la pâte. La feuille en formation passe alors entre des cylindres de presse garnis de feutres, puis s'enroule sur des bobines installées au bout de la machine. En moins de vingt-cinq ans, Donkin perfectionne sa machine (40 modèles différents) et vers 1820, les papetiers commencent à s'équiper : la machine est imitée et copiée partout et vers le milieu du XIXe siècle, on compte plus de 300 machines à papier en Angleterre, plus de 200 en France et presque autant en Allemagne. La machine à papier de Louis-Nicolas Robert, a été un facteur déterminant de la mécanisation : de l'industrie papetière, préfiguration des machines modernes d'aujourd'hui. Dans un premier temps, l'usage des machines à papier est limité à la fabrication des papiers pour les journaux, les papiers peints et les emballages. Les papiers d'écriture sont toujours produits de façon traditionnelle : ainsi survit un marché parallèle pour les papiers de haute qualité, qui ne sont pas fabriqués mécaniquement.